ÉDITO
« L’artiste, le poète, doivent accepter que leur temps ne leur appartienne plus, soit dévolu à leur métier d’employé-artiste, d’employé-poète; que l’agenda de l’entreprise culture devienne leur agenda. Il leur faut répondre aux appels d’offres et, le cas échéant, être en mesure d’anticiper les attentes de l’entreprise. Ainsi, petit à petit, l’éventail de son savoir-faire et la fécondité de sa bibliothèque mentale ne sont plus au service du monde mais de l’entreprise.. »
Laurent Cauwet « La domestication de l’art » La Fabrique 2018
La course de l’agenda ! On écrit, on demande des rendez-vous, on présente son projet, on publie des « posts », on filme, on photographie, on enregistre, on saute dans des trains, des avions, et puis entre tout ça, on joue, on travaille, on compose… Mais pour créer et composer, il faudrait ignorer la tyrannie de l’agenda, prendre le temps nécessaire à la gestation, à la réflexion sans subir la peur de l’asphyxie économique… Prendre le temps. Du temps qui échappe forcément à la rationalisation du marché… Ce n’est pas facile, car l’on doit toujours plus présenter des « produits », fabriquer des vitrines… Mais à quel moment l’art se fabrique ? Est-ce que produire est forcément synonyme de créer ? Quelle place pour les artistes dans cette fin d’ère industrielle ?
L’été est peut-être la meilleure saison pour y réfléchir… Avant le rush de la rentrée.